Doctor's Oven - INFO ET ECOUTE REAL PLAYER

HELL'S KITCHEN DOCTOR'S OVEN

Hell's Kitchen. Rien à voir avec le quartier de Manhattan, ni même avec West side story, et encore moins avec une cuisine. Non, rien de tout cela. Hell's Kitchen est un groupe Helvèthe de rock brut tendance blues urbain.

Alors bien sûr, la chose peut surprendre: vu de France, le rock en Suisse apparaît comme une farce. Et pourtant il n'en est rien: suffit de penser aux Mondrians, ou même... à nos fameux gars de Hell's Kitchen. Ce Doctor's oven est leur second album, après un EP surprenant et un premier album plutôt prometteur. Et force est d'avouer que nous avons à faire avec un vrai disque abouti et vraiment réussi.

Blues urbain. Mais qu'est-ce donc? Une voix de crooner fumante, parfois plaintive; des bidouilles, des bruits, un côté jazzy, une contrebasse et un tout bougrement sensuel et transpirant de son live et d'impro. Difficile de balancer comme cela une liste d'influences tant on songe à différents groupes et artistes tout au long de l'écoute de ce très bon opus.

La voix de Monney évoque quelque chose entre Lanegan et 16 Horsepower. Le talent est là, comme sur l'excellente ouverture "My house". La musique de notre trio est pour le moins évocatrice, parfois vivante et dansante ("Jack is a writer"), parfois plus intimiste et plus épurée ("Brick of my body", ou la magnifique "Unfair").

Tout se mélange et se dilue. Free jazz et distorsions ("Stay in my block"), cymbale, mandoline, country, rockabilly. On nage dans le bonheur. Car nos Hell's Kitchen sont bougrement talentueux. Moins dark que le Blues Explosion, plus posé et moins gras que les Black Keys, le groupe parvient à nous compter des histoires prenantes dans une atmosphère pénétrante, pesante, lourde, et surtout vibrante. Difficile de rester insensible à une telle décharge de blues urbain. Y'a pas le feu au lac, mais y'a le feu dans la cuisine!

 

par Florent (albumrock.net)

>> Téléchargez "My House"

>> www.hells-kitchen.ch

 

Comme tous les soirs, la Flèche d’Or affichait plusieurs artistes pour la soirée... Sur la totalité, peu m’inspiraient grand chose si ce n’est Sentenza & The Holsters, un groupe de blues rock dont le single Standing On The Outside passe de temps en temps sur Ouï FM, et surtout Hell’s Kitchen, groupe de blues-trash [1] déjanté comme je les aime et que j’avais chroniqué il y a quelque semaines. Les Suisses passent à 23h15 ce qui me laisse de la marge. J’ai cru lire que l’autre groupe ouvre la soirée, et je ne peux arriver si tôt. Tant pis.

J’arrive donc en compagnie de Giom et de Fran sur les coups de 22h30. Un groupe vient de commencer son set. Peter Bjorn & John, un trio indé qui me plaît carrément. D’habitude, je ne suis pas très fort sur ce genre de musique qui tourne en rond et peine à se renouveller. Là, ça passe. C’est assez trippant. Je me surprend à dodeliner du chef et bouger un peu mon corps (entendre par là un battement du pied assez appuyé).

Bref, le set terminé, je me prépare à voir s’installer sur scène la cuisine de l’enfer mais il n’en est rien. Je vois là l’attirail typique d’un trio rock : guitare - basse - batterie. Un doute m’étreint. C’est pourtant bien l’heure qui était indiquée pour le passage de Hell’s Kitchen sur le site de la Flèche d’Or... Le groupe monte sur scène mené par un grand échalas chevelu, aux allure de dandy, chapeau haut de forme vissé sur le crâne. Ce n’est définitievement pas Hell’s Kitchen, mais bien Sentenza & The Holsters qui était sensé ouvrir la soirée (toujours d’après le site de la salle).

Du coup, me voilà verni. Je verrai tout ce que je voulais voir. Le groupe attaque d’emblée son set excellent. Le son est chaud, électrique, puissant. Le dandy chanteur assure des soli de guitare qui n’ont rien à envier aux 70s. Sa voix est chaude et assurée, sa prestance impressione. Quarante minutes sur scène suffisent à éveiller notre intérêt, mais le trio doit déjà partir, laissant entendre qu’il aurait bien pu continuer toute la nuit... Mais voilà, il faut assurer la programmation serrée de la soirée.

Arrive enfin le tour des Hélvétiques. La petite bande installe son matos personnellement. On les voit sortir de leur boîtes les instruments tous aussi improbables les uns que les autres, présents sur Doctor’s Oven : un couvercle de poubelle, un tambour de machine à laver, un tuyau d’aspirateur, une pelle ramasse-poussière, un wash-board, un manche à balais planté dans une bassine avec une corde à linge tendue entre les deux, etc... J’attends avec impatience que le groupe commence à jouer... Les lumières s’éteignent, Bernard, Cédric et Nicolas prennent place sur la scène et c’est parti. Le groupe enchaîne quelques titres de Doctor’s Oven et en retrace pafaitement l’ambiance, le côté live en plus.

Le groupe n’arbore pas un look particulier. Du genre à passer inaperçu dans la rue. Mettez-les sur scène avec leur attirail, vous verrez qu’ils ne sont pas si sages. Bernard, le guitariste-chanteur hurle dans son micro, fait des acrobaties sur son tabouret, se lève et fait rouler ses muscles sous le nez du premier rang, il s’amuse... Cédric disparaît derrière son attirail de percussions en tout genre et semble habité d’une frénésie qui le pousse à taper sur tout ce qui passe à sa portée, insufflant ainsi un côté root à ce son blues qui sent bon le delta. Dans son coin, Nicolas, le plus discret, navigue entre sa contrebasse électrique et sa contrebassine. Quarante minutes de blues intensif. Mais le groupe doit lui aussi quitter la scène à regret. Encore un goût de trop-peu...

Cette soirée de trios s’achève, placée sous le signe de la frustration... Quarante minutes de prestations, c’était vraiment insuffisant pour ces trois groupes à surveiller de près.

 

ARNOLD - B SIDE ROCK - le 15 septembre 2006 à Paris (La Flèche d’Or)
 

 

Hell's Kitchen est un trio suisse, genevois, très exactement. Une formation qui alimente son blues contemporain à l’aide de divers instruments afin de produire des sonorités susceptibles d’aiguiser notre curiosité. Bernard Monney chante et joue des guitares, Nicolas Roggli se charge des contrebasses ; et enfin, Cédric Taillefert se réserve la ‘percuterie’, soit une panoplie de percussions insolites composée de ressorts, de couvercles de poubelles et autres casseroles. Sans oublier un plus classique washboard. Le trio avait déjà commis un album démo en 2001 ("Blues from the beancan"), et l’année suivante "The big meal". Nos cuisiniers ont déjà partagé la scène avec T-Model Ford, 20 Miles, Bob Logg III ; et ce n’est pas une surprise lorsqu’on écoute cet opus ! La démarche si peu orthodoxe de Fat Possum a bien entendu résonné à leurs pavillons. La ‘percuterie’ entre en action dès les premières secondes de "My house is on fire". Les invocations vocales font rapidement leur apparition ; et dès le débarquement des cordes métalliques, le choc est inévitable. La démarche du combo helvète est bien originale et très personnelle. Le climat n'est pas à la franche gaieté ; mais il est vrai que la maison est en feu ! La ‘contrebassine’ de Nicolas rejoint ses amis pour attaquer "Jack is a writer". Les échanges vocaux sont bien fantomatiques sur "Brick of my body", laissant planer une certaine sensation d’épouvante. Seul maître à bord de cette cuisine inusitée, le diable hante tout naturellement cet univers cauchemardesque. Les cordes sont triturées, lacérées, déjantées, malmenées, pour entretenir cette atmosphère pâle et lugubre. Pour varier les saveurs, les cuisiniers n’hésitent pas à utiliser d'autres instruments. A l’instar de Paul Thernan. Au banjo sur "Dance machine". On les imagine bien arpentant les routes du vieux Sud américain à l'écoute de "Stay in my block" ; mais des routes bien cabossées pour obtenir une telle solution sonore. Même Paolo, qui a ramené son harmonica, ne peut que répercuter des tonalités d'outre-tombe ; et pourtant il aime disserter de cette guitare rythmique qui fédère tout sur son passage. Bernard concentre l’intégralité de ses tics nerveux pour malmener ses cordes. Il se lance dans un boogie improbable sur "Nice", pendant que Cédric et Nicolas secouent leurs instruments comme des âmes damnées. Paolo a retrouvé son harmonica et s'invite même au beau milieu de l'enfer. Le trio se calme quelque peu pour aborder "Unfair", un blues lent très personnel, introduit par l’orgue Hammond de Sarten et contaminé par un violoncelle bien malade. "Lumpi is my dog" incarne leur vision Howlin' Wolf du blues. La forme rythmique est bien empruntée au géant de Chicago. La contrebassine trace un chemin parsemé de longues dérives digitales. Les cordes se complaisent au cœur de cette étreinte. La recherche de la mélodie n'est pas le souci de Hell's Kitchen. Le travail sur le son l'emporte. Tout au long de "Milano", l'ambiance n'est pas très transalpine, mais plutôt teutonne au sens propre de la recherche ; dans un style réminiscent des formations de Krautrock rencontrés naguère. Cédric saisit son washboard. Nicolas imprime un rythme galopant et libère Bernard qui chante un "Misery" plutôt classique avant que Sarten ne fasse subir les derniers outrages à son piano. "Lumfo" est une litanie blues très dépouillée dont la démarche peut évoquer le vieux Captain Beefheart flanqué de son Magic Band, dans ses moments les plus étranges. Pas au niveau vocal, cependant. Cette prière collective finit même par vous convertir et vous serez peut-être surpris de répondre favorablement à cette invitation pieuse. Le ‘four du docteur’ accouche en fin de parcours de l'improbable "Easy start", un morceau dont la recette du riff stonien a été mis à la sauce suisse. Hell´s Kitchen a réalisé sur cet opus, de excellent travail sur les sonorités ; cependant je vous invite à consommer cette plaque à doses homéopathiques. Surtout si vos oreilles ne sont pas averties.

J-C MONDEAU - MUSICZINE.NET - MAI 2006

 

Hell's Kitchen fait une sorte de kitchen blues. Doctor's Oven, leur deuxième album, est nourri autant par le blues du delta et le bluegrass que par le sampling et les ustensiles de cuisine. La musique est tantôt délicate, tantôt bourrue, elle virevolte et titube mais ne s'écrase jamais, maintenue et guidée par la voix de son chanteur mi-Tom Waits, mi-Ozzy Osbourne. Dans ce Doctor's Oven, les arrangements sont charnels et fumants, la voix alterne entre tremolos plaintifs et grognements râpeux ("My House"), les instruments voguent et s'entrechoquent dans une marmite métallique ("Jack Is A Writer", "Milano"). L'écriture est riche, alternant les saveurs, de l'étrange à l'éclatant, avec toujours un arrière-goût de fureur apocalyptique ("Brick Of My Body", "Stay In My Block", "Nice"). Le blues, vu comme la liberté de l'esprit, l'échappatoire d'une vie pleine d'amertume et de souffrances. Le dernier morceau, "Easy Start", comme un nouveau commencement, referme le four sur une note plus optimiste, sans toutefois dissiper toutes les effluves de ruines. Original dans sa conception, Hell's Kitchen demeure fidèle à l'esprit radical et roots du blues. Un disque puissant et attachant.

PLF - KRONICS - SEPTEMBRE 2006

 

Imaginer un viron champêtre dans les alpages suisses sans rencontrer les Hell’s Kitchen était tout simplement impensable. Pensez ! Le trio genevois vient de réaliser un disque monstrueux, monumental. En tout cas l’un de ceux qui envoie l’auditeur amateur de choses un peu décalées vers des contrées stupéfiantes, des Himalayas musicaux qui surprennent et enivrent à chaque riff, chaque plage. Dépoussiérant avec un certain aplomb la manière de faire sonner les notes bleues, les Hell’s Kitchen propulsent ce vieux monsieur qui est le Blues directement du bayou où il est né dans un 21ème siècle urbain et furieusement bruyant. Si la rupture avec cet académisme rasoir qui caractérise un peu trop les productions actuelles bluesy risque de faire grincer des dents les ayatollahs gardiens d’un temple devenu poussiéreux, gageons que l’ouverture musicale, ou plutôt les références engrangées par ces trois musiciens depuis leur plus tendre enfance, et qu’ils mixent avec dévotion autant qu’avec culot, devraient leur amener une tranche de public qui se fait une certaine idée de l’évolution de la musique. Et n’oublions surtout pas que s’il n’y avait pas eu de musiciens un peu plus barrés que les autres (au hasard, citons David, Coltrane, Zappa… ) la musique d’aujourd’hui ne serait certainement pas aussi évoluée. Sans bien sûr faire de comparaisons hâtives avec ces ’monstres sacrés’, on peut toutefois hisser les Hell’s Kitchen et leur musique, au rang d’inventifs explorateurs. Des apprentis sorciers dont la compagnie est plus que recommandable. 

JEAN DO BERNARD - CROSSROADS - AOUT 2006

 

Venu de Suisse, le trio Hell’s Kitchen frappe très fort avec ce nouvel album qui devrait asseoir sa réputation scénique grandissante. Il sort résolument des sentiers battus avec un blues dont l’originalité n’a d’égal que la force incandescente. Tout en assumant un parti pris roots (voix habitée, contrebassine alerte), il revisite à sa façon une tradition venue du delta du Mississipi, osant la dissonance, la confrontation, le défi sonore. Le résultat est à la fois âpre et excitant, convulsif et séduisant, saisissant, ébouriffant, impressionnant : une véritable révélation.

H M - ROCK AND FOLK- AOUT 2006

Un univers bien particulier que celui des Hell’s Kitchen. Si l’enfer ressemble à ça, je signe de suite ! La cuisine de ces deux acolytes, épicée d’une contrebasse pour l’occasion, nous entraîne dans un monde envoûtant où tout repose sur les ambiances. Il n’y a plus de règles dans cette sauce-là : la batterie supporte les couvercles de poubelle qui croisent à leur tour les résidus post-indus d’une usine métallurgique. La guitare nous délivre des sons distordus, cinglants, difformes, à peine réels. Les voix, charismatiques, grincent et chantent… Un album électrisant, surprenant, qui ne laissera personne de marbre.

FRED - SLR - MAI 2006



On connaissait déjà le blues des champs de coton, voici celui des batteries de cuisine. Tartiné à la pelle de chantier, gratiné dans le vieux four de "Chez Dédé", le blues des Hell's Kitchen est suisse, mais chante la Louisiane comme s'il y était né. Au diable les impros qui partent en solos de boudin, Hell's Kitchen ne garde que l'essentiel : une contre-bassine, un bottleneck, et le rythme, irrésistible, qui fait s'exciter les doigts de pied sur le bois de la bicoque et s'affûter l'oeil en quête d'instrument à martyriser. Nos trois Suisses ne s'en privent pas et rien ne leur échappe. Il faut les voir traquer le moindre bout de ferraille biscornue, casserole, machine à laver, tournevis ou planche à linge... Ca doit être un TOC chez eux, il faut qu'ils cognent. Et le plus étonnant, c'est que rien ne vire à la cacophonie. Ils cognent sur tout ce qui traîne à portée de main, et ce bric à brac sonore devient soudain cohérent, chaque élément trouvant sa place au sein d'une architecture brinquebalante, que ce soient les grillons métalliques de "My house" (qui invitent au farniente pendant que la baraque crame à côté), ou le piano hystérique de "Misery".

Il faut dire aussi que Hell's Kitchen n'en est pas à son coup d'essai, et que derrière ces timbrés du capharnaüm organisé se dissimulent trois fines lames complètement respectueuses du blues originel. Côté instruments, pas de doute, le trio genevois connaît son Robert Johnson et son Pete Seeger sur le bout des doigts. Les parties de slide sont crasseuses comme il se doit, façon Black Keys ("Nice"), et le son d'ensemble brut et déglingué évoque irrémédiablement un Tom Waits bien imbibé. Le chant de Bernard Monney, point sensible de ce genre
d'albums, est assuré avec efficacité, pas vraiment identifiable mais plutôt malléable au besoin de chaque morceau.

Les compos de "Doctor's oven", leur deuxième album, peuvent inviter aux pérégrinations campagnardes à la "O' brother", à 'image de la paisible "Dance machine". Mais l'on s'écarte souvent du chemin balisé : "Jack is a writer" plonge l'auditeur au coeur d'une usine sidérurgique en plein dégazage sous pression, le genre de machineries fumantes parmi lesquelles Mark Lanegan traîne ses guêtres à l'occasion. De son côté, "Lumfo" balance les incantations vaudous d'une bande d'indiens zarbis en plein trip gospel. Saisissant.

Mais au sommet de l'échaffaudage se dresse "Unfair". Sur une mélodie infiniment douce, Monney hulule et s'étrangle par à-coups, puis s'emballe avant que le violon ne vienne relayer sa plainte en l'apaisant. C'est une ballade aux contours très classiques, en réalité plutôt décalée et inattendue (quelque part entre Louise Attaque et "RV" de Faith No More, si possible), presque comique et en même temps pleine de soul résignée. Dans un monde idéal, on ne serait pas loin du tube. Enfin, du tube, du carton... tout ce que vous voulez, tant qu'on peut taper dessus.

Morceau qui Tue
Unfair

CHTIF - SEFRONIA - AOUT 2006




On ne sait pas grand chose des Hell's Kitchen. On pense que ces musiciens aux fourneaux doivent utiliser comme livre de recettes ceux de Nick Cave, Tom Waits ou de David Eugene Edwards, une holy bible entre les dents. Doctor's Owen est composé de chansons qui nous ramènent au temps où l'Amérique se battait encore avec des indiens et non avec la terre entière, une musique qui sent le cheval, la sueur des longues traversées dans le désert entre deux villes à la Deadwood. La mort rode, le démon dans la main droite, le bien dans la main gauche, une nuit du chasseur dans laquelle l'humour et la mort danse autour d'un grand feu. Elp nous revient en forme.

GERALD DE OLIVEIRA - A DECOUVRIR ABSOLUMENT- MAI 2006

Souvenez-vous. Vous êtes enfant, sale gosse, chez vous dans la cuisine, à tenter de faire de la musique avec les casseroles, les couvercles et toutes sortes d’ustensiles passant à votre portée. Soudain, votre mère débarque, et vous invite expressément à arrêter ce bruit inaudible. Vexé, vous retournez dans votre chambre en maugréant... Avec le temps, vous avez abandonné, d’autres non.

Cédric Taillefert, percussionniste de son état, complète son set de batterie avec washboard, tambour de machine à laver, et couvercles de taille diverse, pendant que Nicolas Roggli navigue entre une vraie contrebasse et une contrebassine crée par ses soins avec un manche à balai planté dans une poubelle et quatre cordes tendues. Bernard Monney, lui joue d’une vraie guitare et chante d’une voix rocailleuse. Avec cet étrange attirail, Hell’s Kitchen attaque un bon néo-blues bien crasseux, imprégné d’alcool fort qui tord les boyaux.

Dès les premières notes, on prend un claque. Derrière cette verte pochette aux apparences inoffensives se cache une musique incroyable. Les percussions faites maison répondent à la contre-bassine, pendant qu’un bottleneck court sur la six cordes d’acier et qu’une voix sortie d’on ne sait où chante un bon blues à l’image des références des origines. Un blues fort, habité, avec son lot d’histoire glauque. On se retrouve à voyager sur des routes poussiéreuses d’un western spaghetti, s’attendant à trouver d’un instant à l’autre le fameux carrefour de Robert Johnson, là où on peut rencontrer le Diable. Non pas que je veuille comparer l’oeuvre de Hell’s Kitchen à la légende inégalable de Robert Johnson, mais l’esprit du blues habite bien ces quelques chansons. Du fin fond de sa Suisse natale, le trio de Hell’s Kitchen semble côtoyer lui aussi le Malin ... Le four du docteur, à la chaleur digne de l’enfer, est fascinant, il vous envahit, vous met presque en transe.

Les titres se succèdent sans faute, toujours avec la même puissance dans la voix, la même force dans la musique ... Des morceaux comme Brick Of My Body ou Lumfo brillent par leur instrumentation épurée : juste quelques notes de basse, une rythmique discrète, quelques accords parfois dissonants et surtout cette voix envoûtante, rappelant parfois Blues Explosion. On trouve ensuite des titres tels que My House, Jack Is A Writer ou Mysery où la rythmique est déjà plus marquée, syncopée, où les guitares sont plus présentes, l’ambiance est électrisante est à la limite de l’explosion sonore ... On remarque aussi Unfair, une perle mélodique hésitant entre soul et blues qui offre une pause au milieu de l’album.

Hell’s Kitchen débarque donc de Suisse avec cet album hors du commun, à la fois innovant, et rétro. Un album imprégné de blues dans toute sa profondeur, du vrai blues, celui qui fait parfois peur à voir, celui des bas-fond, et des soirées enfumées et alcoolisées, ...

Pour tous les amateurs de blues et de musiques déjantées, cet album est à découvrir absolument.

ARNOLD - B SIDE ROCK - JUIN 2006

 

On en a déjà vu quelques uns des artistes venir de Suisse. Des électro punk ayant virés variétés (Eicher), des franchement électro punk n'ayant pas bougé d'un pouce (Young Gods), des minimalistes tendances Caliméro (Jean Bart), des francophones, des germanophones, j'en passe et des pires…

Aujourd'hui, c'est au tour de Hell's Kitchen de sortir de Suisse et de se faire connaître en nos contrées lointaines…

Je dis lointaines car ce Doctor's Oven est arrivé de l'autre côté de la frontière bien longtemps après sa sortie helvète et on doit cette heureuse initiative au petit label Elp! qui mérite ici d'être remercié.

Les Hell's Kitchen c'est un peu l'exception culturelle suisse. Ils dénoncent les clichés que l'on peut avoir sur leur beau pays l'espace des 45 minutes de leur album.

Ces suisses là ont les pieds dans la boue plutôt que dans l'argent trop blanc pour être honnête, ils ont la voix rauque de ceux du bayou, très loin de l'autre côté de l'Atlantique.

Ce Doctor's oven est un disque de blues donc. Pas du blues de compilation de station d'essence attention, du blues qui gratte, pas propre derrière les oreilles. Un truc à jouer sous la pluie une veille d'apocalypse, la bande son potentielle du roman "Et l'âne vit l'ange" de Nick Cave.

Les titres oscillent entre des passages déjantés et déchaînés sur lesquels les guitares s'en donnent à cœur joie comme sur "My House" et des titres plus calmes et intimistes comme "Brick of my body".

"Nice" flirte de près avec les Blacks Keys et Archie Bronson Outfit en éprouvant une recette qui fait fureur, les guitares "steel" en avant et une rythmique de batterie infernale auxquelles une voix répond tel un duel.

Les Hell's Kitchen se permettent même de placer des clichés de la soul et du blues dans leurs chansons comme sur "Unfair" et ses cris à la James Brown pour un slow garanti 100% contacts rapprochés.

Chacun trouvera en ce disque ce qu'il aime ou a aimé du blues de la vieille Amérique au rock de la jeune Albion. Un disque osé en cette période estivale pendant laquelle la pop légère et sautillante va régner en maître mais toute résistance est loin d'être inutile.

A écouter de toute urgence !

DAVID - FROGGY'S DELIGHT - MAI 2006
 

Pour faire rapide et en finir avec la classification, la musique des Hell's Kitchen ressemble à s'y méprendre à un road-movie musical, passant par les routes du roots, de la percussion faite de recyclage et des airs de blues moderne et urbain à la fois. "Doctor's oven" s'ouvre donc avec "My house" posant ainsi les règles du jeu pour la suite de cet album qui sort de l'ordinaire avec beaucoup de classe et de rigueur. Si l'on n'y prend pas garde, la cuisine du groupe deviendra rapidement un enfer musical pour tous. En douze compositions, Hell's Kitchen explore des airs US avec une bonne dose d'originalité et surtout sans accents dans le texte. Autant dire un style singulier qui mérite l'attention des amateurs de rythmes venus en droite ligne du Bayou ou pour d'autres, d'une cité aux buildings géants. Entre exercice de style et inspirations sublimées, Hell's Kitchen a réussi à sculpter un genre à part qui s'adresse avant tout aux amateurs de qualité et de voyage au pays de la musique naturelle et surtout excentrique. On en redemande...

6BEARS - AVRIL  2006

Une voix rocailleuse qu’emprunte un néo-blues sombre et brutal se rencontre autour d’un soir d’été enflammé et épuisant. On a en enfin réussi à ouvrir le casque de bob log 3, pris dans une moissonneuse et trépané jusqu’à l’os, on y a vu le démon partir en courant bourré comme un coing.

Les pieds dans le delta boueux, la gueule livide, les alligators piétinent allègrement ce néo blues qui dégueule à l’approche des mégapoles un quelque chose qui fait trembler le goudron des villes et les plumes des champs.

Hell’s kitchen est un trio venu de suisse. En pays helvète ils ont apparemment des soucis, en conséquence ces trois gars ont la rythmique crottée, la guitare dans le limon et la basse marécageuse, le tout est branché sur des baffles datant du néolithique blues situé dans un garage pas très loin d’un bar glauque.

A croire que la Suisse n’a pas encore découvert où se loge nos dangereux énergumènes, sûrement perdus au beau milieu d’une nature hostile et profonde d’une grande agglomération.

Là, coincés ils n’ont plus que quelques instruments sous la main pour éblouir le désespoir rugueux d’un néo blues, gorgé d’alcool de contrebande.

Banjo et bottleneck partent en vrille autour d’une basse (cour) de casserole rythmique, si tout semble à ce point rural c’est sûrement que hell’s kitchen a plus de merde sous les bottes que dans ses chansons. Les leurs ont pris la mesure d’une irrésistible dilatation de la vie, languides, elles se mettent à hanter de leurs volumes, amples et constant. En jouant à minuit dans les cimetières assis sur des tombes, hell’s kitchen prépare une bouillasse qui fout l’estomac en vrac. Ce blues là, mec il est terrible, comme on l’aime, humide, crasseux avec de la morve, du sang, du vice, des trucs pas jojos, mais ‘tain que c’est trop bon de se faire battre au fer rouge par ces gars là.

Le diable n’est plus sur ce croisement où robert Johnson a vendu son âme, il faudrait aller voir du côté des petits suisses si le diable n’est pas en train d’investir un marécage néo blues, yeah !

BIR - THE FRENCH TOUCH - AVRIL 2006

 

Pour faire rapide et en finir avec la classification, la musique des Hell's Kitchen ressemble à s'y méprendre à un road-movie musical, passant par les routes du roots, de la percussion faite de recyclage et des airs de blues moderne et urbain à la fois. "Doctor's oven" s'ouvre donc avec "My house" posant ainsi les règles du jeu pour la suite de cet album qui sort de l'ordinaire avec beaucoup de classe et de rigueur. Si l'on n'y prend pas garde, la cuisine du groupe deviendra rapidement un enfer musical pour tous. En douze compositions, Hell's Kitchen explore des airs US avec une bonne dose d'originalité et surtout sans accents dans le texte. Autant dire un style singulier qui mérite l'attention des amateurs de rythmes venus en droite ligne du Bayou ou pour d'autres, d'une cité aux buildings géants. Entre exercice de style et inspirations sublimées, Hell's Kitchen a réussi à sculpter un genre à part qui s'adresse avant tout aux amateurs de qualité et de voyage au pays de la musique naturelle et surtout excentrique. On en redemande...
 

Il y a quelques temps, au détour d’une chronique sur je ne sais plus quel groupe, nous avons intempestivement déclaré que le blues était mort depuis belle lurette, éteint avec ses mythes fondateurs hormis peut-être pour quelques résistants à la verve débonnaire tels des Black keys, blancs becs irrespectueux et à bonne école. Mais isoler les Black keys, c’était manquer des respecter à une poignée de groupes inestimables qui, s’ils n’inventent rien (on persiste malgré tout : le blues est bel et bien mort), parviennent à perpétuer un certain esprit, une certaine grandeur du blues. Hell’s kitchen est de ceux là. Si nous ne savons où ils ont appris le blues, si nous ne savons rien des membres de ce groupe, nous sommes certains qu’ils ont des ancêtres enterrés dans les Appalaches. Avec ce son métallique (« My house »), dissonant et discordant (« Brick of my body »), avec ces percussions dérangeantes, Hell’s kitchen nous emmène avec lui dans les entrailles infernale de son blues cuisiné avec sa propre recette dans une cuisine où le sang pisse par les murs (« Nice »). Quand ce n’est pas un blues diabolique qu’ils nous offrent, c’est un folk satanique car irrésistible avec cette aisance de rendre fondamental, le plus simple simplicité (« Dance machine »). « Doctor’s oven » où la maison du diable dans un bayou européen ?

HARRY - I-MUZZIK.NET - MARS 2006

 

La Suisse abriterait-elle en son sein quelques suppôts de Belzébuth ayant vendu leur âme au maître des ténèbres ? Car finalement après l'écoute de cet album  on peut en toute légitimité penser que ce fameux "Carrefour" immortalisé par Robert Johnson ne se trouverait pas dans le sud des Etats-Unis mais au contraire dans un charmant vallon Suisse et plus précisément dans une petite cuisine où s'ébroueraient trois types assez bizarres concoctant des recettes musicales aussi relevées qu'elles sont inédites. Car aux bords des lacs d'eau si claire et à l'ombre des comptes en banques si étoffés se distingue un trio qui avec ce "Doctor 's Oven" présente  un 3ème disque, certes hors du commun mais qui a l'extrême avantage de mettre un peu de couleurs dans un paysage musical qui en manque cruellement. Si la musique de ce trio prend sa source quelque part vers le Delta du Mississippi, le traitement (de cheval) qu'il lui administre est un fichu revitalisant. Brisant certaines règles bien établies, les douze titres délivrés par l'ordonnance de ce bon Dr Oven sont presque toujours en décalage, souvent en équilibre instable rappelant un peu  dans cette démarche ce que faisait le groupe Morphine, et ils bousculent plus qu'agréablement un quotidien musical qui ronronnait tranquillement sur le sofa du salon. Avec ces Suisses, on a changé de pièce et du coup, la cuisine s'illumine et quelques excellentes secousses telluriques nous réveillent… Voilà qui nous fait envisager, avec le sourire, un futur un peu moins mollasson…

JEAN DO BERNARD - CROSSROADS - MARS 2006

A l’heure où l’on nous (contre-)bassine avec la vache folle, le poulet enrhumé et le mouton qui tremble du genou, les Helvètes de Hell’s Kitchen ont décidé de nous servir un album 100% bio, enregistré à la roots et cuisiné au beurre pour le plus grand plaisir de nos papilles. Réfractaires aux engrais chimiques et aux arrangements trop précis, Cédric Taillefert (percussions), Bernard Monney (guitare et chant) et Nicolas Roggli (contrebasses) ont sorti des placards tout leur attirail, partant du washboard pour en arriver au tambour de machine à laver en passant par les couvercles de poubelles et la pelle de chantier et nous proposent un troisième album qui s’inscrit entre un Bo Weavil pour le côté crade et un Bulldog Gravy pour le côté quincaillerie industrielle … Bottleneck au doigt et timbre rocailleux en avant, c’est en misant sur ses dissonances que Hell’s Kitchen cherche à convaincre son monde !

Faite de creux et de bosses, la musique des Genevois est une invitation à la découverte, une ode au système D, un plaidoyer en faveur de la cacophonie scientifiquement désorganisée ! Douze compositions dignes des plus somptueuses improvisations des esclaves d’antan, douze assemblages de sons pas forcément bien imbriqués les uns aux autres mais qui au final donnent un blues aussi détonant qu’accrocheur qui s’agrippe à des bribes de mélodies et qui se laisse aller à leur insérer une lichée d’harmonica, un poil d’orgue Hammond ou une litanie lancinante et assassine de manière très spontanée, juste pour le fun et pour désacraliser l’art … Taillé dans le blues, le costard que revêt Hell’s Kitchen est un peu élimé aux coudes et rapiécé aux genoux mais il lui colle si bien à la peau que l’on peine à imaginer le groupe dans un accoutrement moins fripé tant on apprécie le versant gras et velu d’un « Jack Is A Writer », d’un « Stay In My Block », d’un « Milano » ou d’un « Easy Start ». Quand les ingrédients de l’apprenti sorcier sont assemblés dans les cuisines du diable, il n’y a rien de surprenant à ce que le résultat soit explosif ! Come on in my Hell’s Kitchen …

FRED DELFORGE - ZICAZINE - MARS 2006

 

[A CAKE A ROOM] [DIMI DERO] [LADY GODIVA] [NOVELA] [THE SPANGLES] [THE DUDE]
[DOLLYBIRD] [ECSTATIC FROG] [LOVE POTIONS] [PSYCHO LEMON] [SWEET APPLE PIE] [THE LEEDS]
[CUB] [INDIAN GHOST] [LUCKY JUNGLE KIDS] [PUNISH YOURSELF] [SWEET MISERY] [THE UNSOUND]
[THE CINDERS] [JIMMY WANK] [MY TOY SHOP] [SHEELOVES] [THAT'S ALL FOLKS]

[VENUS DEL ROCCO]E

[HELL'S KITCHEN] [LEON ROUSSEAU] bb bb bb bb